Modifications des milieux
Impact des activités humaines
La modification et la perturbation des milieux aquatiques par l’activité anthropique est une menace importante qui pèse sur l’écrevisse à pattes blanches. L’action de l’homme est capable de modifier certains paramètres naturels, perturbant les milieux aquatiques et entraînant une nouvelle répartition des écrevisses à pattes blanches qui privilégie les milieux avec une faible pression anthropique et une diversité d’habitats. Elles se concentrent désormais sur des aires réduites en tête de bassin, rares zones de refuges encore protégées.
L’ACTION DE L’HOMME EST INDISCUTABLE : le nombre d’habitants augmente entraînant une augmentation des pressions sur le milieu.
L’OCCUPATION DES SOLS ÉVOLUE : développement des zones urbaines, modification des pratiques agricoles.
L’occupation du sol de la Région Nouvelle Aquitaine est représentative de celle observée en France métropolitaine. Les territoires agricoles, à savoir les cultures permanentes, les terres arables, les zones agricoles hétérogènes et les prairies occupent 60% du territoire. La part de forêt est supérieure de 2 points à la part nationale, du fait de la présence du massif landais (988 000 ha) et du taux de boisement élevé en Dordogne et en Limousin. La part des territoires artificialisés est de 4.2% soit inférieure de 1.4 point à celle de la France métropolitaine. Ces territoires comprennent les zones urbanisées, les zones industrielles ou commerciales, les réseaux de communication et les espaces verts artificialisés non agricoles. Entre 2006 et 2012, la surface des territoires artificialisés a progressé de 12% (soit près de 38 000ha supplémentaires). Les territoires agricoles, les forêts et milieux naturels se sont rétractés de 0.5%. L’artificialisation, en nombre d’hectares, est la plus marquée en Gironde, dans les Landes et en Charente-Maritime. Les territoires agricoles reculent le plus en Gironde et en Charente-Maritime quand ils progressent dans les Landes (plus de 8 800 hectares). La diminution des forêts et milieux naturels est importante dans les Landes.
Impact des zones urbaines
Prélèvements en eau et assainissement
Le développement des zones urbaines a des conséquences sur le prélèvement en eau (eau potable) et les rejets polluants qui augmentent. L’assainissement est responsable du rejet de matières organiques dans le cours d’eau particulièrement lorsque les stations sont mal dimensionnées ou lorsque l’assainissement autonome est inexistant ou inefficace. Certaines industries sont responsables du déversement de substances toxiques : métaux lourds, PCB…
Création d’ouvrages, travaux
Des travaux sont souvent réalisés dans le lit des cours d’eau sans prendre en compte l’impact sur le milieu. Différents ouvrages mis en place sur ou à proximité des cours d’eau entraînent des perturbations du régime hydraulique et thermique :
- Créations de retenue d’eau, les barrages artificiels
L’apparition de barrages sur les cours d’eaux a deux répercussions sur les écrevisses indigènes :
– Variation brutale des niveaux d’eaux en amont comme en aval des centrales hydro- électriques ou de différents moulins.
– L’impossibilité de remonter les cours d’eaux à la recherche d’abris, de nourriture…
- Travaux dans le lit mineur, modification du lit du cours d’eau (curage, recalibrage, rectification) entraînant des variations de la pente, de la profondeur et de la vitesse d’écoulement des eaux.
Impacts des pratiques agricoles
Les pratiques agricoles ont un impact important sur le milieu aquatique. Elles nécessitent des prélèvements d’eau pour l’irrigation et se traduisent par une évolution de l’occupation des sols : disparition des prairies au profit de monocultures intensives. La maïsiculture, très présente dans certains départements aquitains, a besoin d’une grande quantité d’eau. La production de 10 kg de mais cultivé dans des conditions climatiques favorables requiert en moyenne 3m3 d’eau. Cette culture nécessite également une utilisation accrue des pesticides.
Ces produits sont responsables de menaces écotoxicologiques. Ils se retrouvent dans les rivières par lessivage, notamment lorsque la ripisylve (ensemble des formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d’un cours d’eau) est absente et ne permet pas de retenir les eaux de ruissellement. Ayant vocation à altérer le fonctionnement des mécanismes indispensables au développement ou à la survie des organismes ciblés, ils provoquent des dysfonctionnements sur l’ensemble des êtres-vivants. L’utilisation d’engrais afin d’améliorer la croissance des cultures a aussi des conséquences sur le milieu aquatique : diminution des concentrations en oxygène dissous et accumulation de composés azotés, soufrés, phosphorés et organochlorés entraînant la mortalité des espèces aquatiques telles que les écrevisses.
Le drainage des terres cultivées, qui regroupe l’ensemble des travaux d’aménagement hydroagricole effectués à l’échelle de la parcelle, dans le but de supprimer les excès d’eau, contribue à augmenter ce phénomène d’apport de nutriments, provoquant des problèmes de colmatage du lit des cours d’eau.
L’élevage a également une incidence sur le milieu aquatique. Les animaux piétinent les berges et le lit de la rivière lorsqu’ils vont boire, laissant sur place leurs excréments responsables de l’envasement et du colmatage. L’épandage de fumiers pour la fertilisation des cultures est quant à lui source de rejets diffus et d’un enrichissement du milieu aquatique en matières en suspension, phosphore et azote.
Impact de l’exploitation forestière
L’exploitation forestière peut être problématique notamment lorsque les engins franchissent les cours d’eau sans aucun aménagement.
Impact des conditions climatiques
La période de reproduction des écrevisses indigènes dépend notamment des conditions météorologiques. En effet, la ponte est liée à la température de l’eau. Les périodes de sécheresse ont un impact important sur les populations, en modifiant le cycle de vie de l’espèce et entraînant parfois la mort des individus qui ne peuvent survivre dans des cours d’eau à sec.
L’année 2011, a été particulièrement sèche sur l’Aquitaine, puisque en termes de pluviométrie on était, dans la période novembre 2010 – avril 2011, à 50% voire même 75 % déficitaires en eau par rapport aux moyennes de 1971 à 2000.