16
Fév
La peste de l’écrevisse
- By isabelle
PEUT-ON DÉTECTER LA PESTE DE L’ÉCREVISSE DANS L’EAU DE NOS RIVIÈRES ?
DÉTECTION DE LA PESTE SUR LES ÉCREVISSES EXOTIQUES…
Les écrevisses exotiques sont porteuses saines d’un champignon responsable de la « Peste de l’Écrevisse » chez les espèces européennes.
Cette maladie est un fléau pour les écrevisses à pattes blanche car une fois affectée elles n’ont aucune chance de survie. Le champignon peut se propager dans l’eau, sur les poissons, sur les plantes aquatiques mais aussi hors de l’eau en bordures de rivière. Il peut être transporté par les animaux sauvages qui viennent s’abreuver ainsi que par l’homme lorsqu’il se promène au bord de l’eau ou va pêcher.
Une étude est menée depuis 2014 par l’ARFA en partenariat avec le laboratoire EBI de l’Université de Poitiers afin d’identifier les populations d’écrevisses exotiques porteuses de la peste dans le but de mettre en place des précautions sanitaires.
Le principe est simple mais assez lourd à mettre en place car une vingtaine d’écrevisses doit être prélevée sur chaque cours d’eau à l’aide de nasses et placée dans de l’éthanol avant d’être analysées.
DE NOMBREUSES POPULATIONS D’ÉCREVISSES EXOTIQUES CONTAMINÉES EN GIRONDE
Ce travail a permis de mettre en évidence de nombreux cours d’eau contaminés par la peste mais une méthode plus simple à mettre en œuvre permettrait d’étendre les analyses à tout le territoire.
ET AUJOURD’HUI DÉTECTION DIRECTEMENT DANS L’EAU
Le pathogène responsable de la peste, comme tout être vivant, même microscopique, laisse des traces d’ADN dans son milieu de vie : l’eau. Détecter ses traces avec un simple prélèvement d’eau permettrait de localiser plus facilement la maladie.
En effet au vu de la superficie de l’Aquitaine et du travail important que représente le prélèvement d’écrevisses à l’aide d’engins de capture, il paraissait important de travailler sur la mise au point d’une méthode sans danger et facile à appliquer pour mettre en évidence la peste sur les cours d’eau.
Tout comme pour la détection de l’ADN de l’écrevisse, la détection de l’ADN de la peste a été testée grâce à la filtration d’eau de mai à décembre. 90 litres d’eau ont été filtrés chaque mois sur deux cours d’eau l’aide d’une pompe péristaltique et d’une capsule stérile qui permet de retenir les molécules d’ADN.
Les résultats sont plutôt concluants car la peste est détectée à 65% de mai à octobre. Cependant les périodes de sécheresse et le manque d’eau peuvent compliquer la mise en œuvre du protocole et la détection du pathogène notamment lorsque les écrevisses exotiques se déplacent vers des secteurs plus propices.
La détection de la peste par filtration d’eau est donc possible en laboratoire et en conditions naturelles sur une large période de l’année. Toutefois, la méthode de prélèvement reste longue à mettre en place et une solution technique plus légère et applicable sur le terrain par tout agent est nécessaire. Ce travail sera mené en 2018, avec de simples prélèvements d’eau d’un litre.